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Perros-Guirec

Résidence d'auteur

Maison du littoral

Résidence d’auteur.trice mémorielle
de la bibliothèque municipale  de Perros-Guirec :
habiter, vivre aujourd’hui et hier à Perros-Guirec;
inscrire la mémoire du territoire

Ville de Perros-Guirec – Bibliothèque municipale

BP 147 Place de l’hôtel de Ville 22700 PERROS-GUIREC – France

02 96 23 03 59 / bibliothequel@perros-guirec.com

Résidence d'auteur

Nicolas Gonzales

La Bibliothèque municipale de Perros-Guirec, en partenariat avec la Région Bretagne, Tom Librairie, l’Ehpad Les Macareux et la résidence Domitys, accueille l’auteur Nicolas Gonzales pour une résidence d’écriture.

Poète et performeur, il explorera le thème « la chambre et sa face cachée » et animera des ateliers à la Maison du Littoral, en impliquant les habitants de Perros-Guirec.

Ateliers

ouverts à tous
  • 17/01 - Apéro lecture

    Apéro lecture
    18h à la librairie Tom Librairie
    Rencontre en poésie avec l’auteur Nicolas Gonzales et présentation des ateliers proposés lors de sa présence à Perros-Guirec.
    Tout public, entrée libre

  • 22/01 - Rencontre en poésie

    Rencontre en poésie
    de 15h à 16h30 à la résidence seniors Domitys
    Temps d’échange sur le thème « vivre à Perros » autour d’une tasse de thé avec Nicolas Gonzales.
    Tout public, sur inscription auprès de Domitys au 02 21 71 00 00.

  • 29/01 - Atelier d'écriture

    Atelier d’écriture
    de 15h à 16h30 à la résidence seniors Domitys
    Écrire un ressenti, une émotion et partager un temps d’écriture sur le thème « Vivre à Perros aujourd’hui, hier et demain » avec le poète.
    Tout public, sur inscription auprès de Domitys au 02 21 71 00 00

  • 05/02 - Atelier d'écriture

    Atelier d’écriture
    de 15h à 16h30 à la résidence seniors Domitys
    Écrire un ressenti, une émotion et partager un temps d’écriture sur le thème « Vivre à Perros aujourd’hui, hier et demain » avec le poète.
    Tout public, sur inscription auprès de Domitys au 02 21 71 00 00

  • 15/02 - Atelier d'écriture

    Atelier d’écriture
    de 10h à 12h à la Bibliothèque Municipale
    Nicolas Gonzales vous invite autour d’un thé à un temps de lecture et d’écriture de poésie sur le thème : Écrire un ressenti, une émotion et partager un temps d’écriture sur le thème « Vivre à Perros aujourd’hui, hier et demain ».
    Tout public, sur inscription auprès de la Bibliothèque au 02 96 23 03 59

  • 18/02 - Balade "le sentier en poésie"

    Balade « le sentier en poésie »
    de 14h30 à 16h30 à la Maison du Littoral
    Le poète vous propose une balade sur le sentier des douaniers avec des pauses d’écriture et de lecture.
    Tout public, sur inscription auprès de la Bibliothèque au 02 96 23 03 59

Ateliers

réservés aux résidents de l'EHPAD
  • 21/01 - Échange avec les résidents

    Atelier
    de 14h30 à 16h à l’EHPAD Les Macareux
    Nicolas Gonzales partagera un moment d’écriture, d’échange et de poésie avec les résidents de l’EHPAD sur leurs souvenirs et émotions à propos de leur vie perrosienne.
    Réservé aux résidents de l’EHPAD

  • 27/01 - Échange avec les résidents

    Atelier
    de 14h30 à 16h à l’EHPAD Les Macareux
    Nicolas Gonzales partagera un moment d’écriture, d’échange et de poésie avec les résidents de l’EHPAD sur leurs souvenirs et émotions à propos de leur vie perrosienne.
    Réservé aux résidents de l’EHPAD

  • 06/02 - Échange avec les résidents

    Atelier
    de 14h30 à 16h à l’EHPAD Les Macareux
    Nicolas Gonzales partagera un moment d’écriture, d’échange et de poésie avec les résidents de l’EHPAD sur leurs souvenirs et émotions à propos de leur vie perrosienne.
    Réservé aux résidents de l’EHPAD

  • 11/02 - Échange avec les résidents

    Atelier
    de 14h30 à 16h à l’EHPAD Les Macareux
    Nicolas Gonzales partagera un moment d’écriture, d’échange et de poésie avec les résidents de l’EHPAD sur leurs souvenirs et émotions à propos de leur vie perrosienne.
    Réservé aux résidents de l’EHPAD

Nicolas Gonzales (2e à droite) entouré des organisateurs et certains des partenaires.

Perros – Perroz pour les intimes. Bien couverte l’été, découverte l’hiver, à fleur de peau – de granit devrais-je écrire – décoiffée par un courant nord-est, abreuvée d’averses et de rayons blancs, réserve naturelle de couleurs inégalables, Perroz m’a ouvert les bras cette semaine et chacun(e) m’a accueilli(e) sans frein.

Quelques jours à peine, et déjà tant – à dire, écrire sur ton cœur rayonnant, Perroz, centre d’un monde, lueur au bout du sentier, chaleur d’un foyer où l’on n’oublie pas de se réunir, quel que soit le temps, de rire, boire, de se parler… et de VIVRE.

Perroz à saison basse, découverte sans fard, Perroz dans son aube hivernale, Perroz, accepte-moi de nouveau, dès janvier dans tes bras.

Nicolas Gonzales

Journal de Nicolas Gonzales à Perros-Guirec
  • Semaine 2

    L’aube aux doigts de rose, impressions mythologiques du sentier – matin du monde. Deux morceaux de granit narguent les éléments, entrelacés pour… l’éternité ? Malgré le vent, la houle et les tremblements, ils se tiennent par la main, fièrement dressés contre l’horizon. Matin du monde. Il suffit d’ouvrir les yeux parfois, pour regarder (et nous rappeler cette humaine condition). Cela paraît simple oui, enfantin me direz-vous – ouvrir les yeux. Ecrire, convoquer… l’essentiel, se réunir (encore et toujours) pour réactualiser nos pages, nos perceptions – mettre en commun l’émerveillement, nos souvenirs, nous éveiller, nous émouvoir, ensemble. Avancer toujours, quelle que soit la tempête, les inondations de larmes qui nous hantent, avancer pour ne pas céder – la vie n’est-elle pas en mouvement ? Semons nos pas dans le sable, nos tourments, chaque matin du monde. Une bernache savoure la plage, son oratoire et quelques degrés vivifiants. Et nous, baignés dans cette eau littéraire, nous parcourons les pages de nos mondes antérieurs, nos chambres… l’enfance… C’est déjà l’heure, de se revoir – à la semaine prochaine nous dirons-nous ! Le ciel nous toise là-haut, près du phare, depuis son poste d’observation – et l’aube aux doigts de rose…

  • Semaine 3

    Marée basse – et la tête sur un banc de pierre. Deux maigres silhouettes traversent la brume vers le phare, au fond du tableau. Une petite fille et sa grand-mère. L’air du large murmure quelques notes enfantines, une berceuse nappée de lard et d’un grand verre de lait ribot. « Kousk Breiz Izel » L’écho de la cloche, des voix qui ne sont plus – les détails, de vieux albums en noir et blanc. Les détails, rien que les détails pour hameçons et au bout du stylo-bille, la réminiscence – d’une chambre, couverte d’ajoncs, nos chambres d’enfants – partagées évidemment, car qui avait sa chambre, à cette époque-là ? Les balles d’avoine, une brique pour réchauffer les draps, l’odeur des rideaux. Redire ce vestige, cet espace enfoui sous les années, quatre murs où l’enfance se déployait – de l’autre côté du sommeil.

    ***

    La pluie frappe aux carreaux depuis ce matin… vais-je la laisser entrer, dans ma chambre ? (Un temps de réflexion) Mais… c’est un signal qu’elle pianote, en morse évidemment ! Un appel au dehors, aux autres, au territoire, une invitation à marcher, penser – dans l’inconfort, éprouver le relief, les rues, la grève, échanger des mots au comptoir, un millefeuille à la boulangerie, marcher, élargir les œillères… et le cœur. Ecouter, vous écouter, donner ma parole et recevoir la vôtre en retour, au rythme des marées. Les températures plongent leurs ailes dans l’eau froide. Un peu plus loin dans la gorge, quelques pas boueux et l’émerveillement aux Traouïero. La vallée des vallées m’a – comment dire ? ensorcelé… profondément inspiré, embaumé. Huitième merveille après les îles, découverte en solitaire, accompagné de la tombée de la nuit. Tant de secrets à l’affût et de fougères arborescentes. Et que dire de ces arbres visionnaires ? D’autres mots ont fleuri le lendemain, bien au chaud sous nos plumes, dans nos échanges, vos regards. L’écriture s’épanouit sans conscience, elle vit, se développe et se reproduit dans nos terreaux ambivalents.

     

    ***

  • Semaine 4

    « Ecrire… avant de penser », tel était notre formule de départ, sans préhension. L’écriture virevolte au large de la raison et niche quand il le faut, sur nos feuilles de papier. Ecrire ici, à Perroz, reflet de sa géographie, hier, demain peu importe, l’écriture se meut, nous bouscule, nous déplace sous les tempêtes – oligoélément indispensable à notre écosystème et à nos (dés)équilibres, là-dedans.

    ***

    Les formes granitiques de la côte m’observent sans rien dire, inversant le sujet du tableau. Elles m’examinent comme étrange phénomène à deux pattes, rêvassant, soumis à l’érosion et aux premiers cheveux blancs. Les formes granitiques – ou blocs de mémoire brut, s’amusent du besoin de notre espèce de comprendre et de donner du sens. De notre prédation intellectuelle. « La paréidolie est un processus naturel qui porte à reconnaître une forme familière dans un paysage, un nuage, un morceau de granit ». Alors que ces formes, elles, nous toisent sans interprétation, sans figer dans une expression la complexité de nos silhouettes.

    ***

    Pleine mer et le regard libre, immaculé, ce regard désencombré des premières floraisons. « Retourne au nid ! Va dans ta chambre ! » Oui… c’est aussi ça, nos chambres d’enfants, la réclusion, le refoulement des ardeurs, de nos hormones, va dans ta chambre ! J’y vais oui, enfant sauvage dans mon grenier de paille. Forêt primaire, encore non souillée par le rationnel défaillant.

    ***

    Notre sujet du jour, ce qui nous lie et nous a réunis aujourd’hui – l’écriture, n’a pas de chambre ni de bureau. Elle ne tient pas en cage et déborde de son lit, à barreaux. Elle ne supporte pas les écluses ni les dossiers sur son dos, elle galope à l’horizon jusqu’au bout de la page, quoi qu’il en coûte même sous les violentes coupes budgétaires. Ecrire… avant de penser car l’écriture n’a pas de laisse, pas de prise et refusera toujours la muselière. Nos chambres sont un prétexte pour approcher la source, cette encre vive, non apprivoisée, vitalité cachée de notre éphémère situation. Nos chambres sont une planche d’appel pour s’élancer au large de nous-mêmes et naviguer dans le vide – ce qui ne se voit pas, la brume au fond du tableau.

  • Semaine 5

    Le sentier se repeuple en cette mi-février, de familles en fleurs, randonneurs bâtonnés, de coureurs bien équipés, hauts de contention, troisième oeil sur le front pour affronter la nuit. Et les fous qui reviennent enfin… auréolant de leur vol le filet de vacanciers.

    ***
    Nous continuons à écrire, en cette mi-février, à nous réunir, nous écouter, à dire, écrire, puis réessayer, faisant résonner le souvenir de Beckett comme un mantra énergisant : Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.
    Nous continuons, échangeons devant nos feuilles de papier blanc, toiles blanches sur la table, table ronde de résilients, mémoires vives, bien vivaces, nous irradiant chaque fois, Barbara, Winston et moi, bains de jouvence et d’histoires, d’anecdotes éloquentes, de témoignages coquasses, de vies, d’amour… et de larmes, parfois.
    Nous continuons oui, à nous raconter, nous émouvoir des un(e)s et des autres, de petits riens qui révèlent – le verso que l’on oublie, à force de vivre… un peu trop vite ou depuis si longtemps. Nous continuons, à dire, écrire nos paysages, nos souvenirs de polichinelle, ce qui nous compose, à l’arrière – pays floutés dans le rétroviseur. Nous continuons, à désembuer, à (re)vivre en expirant, en ré-éveillant, remuant le temps passé, des parenthèses coeff’ 100 archivées là-dedans, ces moments de vies jetés dans l’oubli, cailloux dans la chaussure depuis déjà tout ce temps. Les accouchements, la ferme et le cochon, les grand-mères chemises, la paire de claques au bout du pont, les bals… ah les bals, j’adorais ça ! L’accordéon, ma bicyclette, mon Basset artésien, la guerre, encore et toujours cette p*** de guerre… et l’amour, l’amour !

    ***
    Ce qui m’inspire ? Tellement (vous écouter déjà !) Comment l’écrire, ce qui m’inspire, chaque mot ouvrant un champ – de perception, boccage infini dans cette chose – finie : le mot. Un enclos de quelques lettres.
    Le poème vient après, révélé par un échafaudage, ma consigne – prétexte à l’échappée, sur une pulsation de phonèmes, syllabes… et nos illuminations. Et c’était beau ce que vous avez écrit, articulé, dit, p***, tellement !

  • Semaine 6

    L’obscurité se propage, à tous les niveaux, nous grignote la peau et nous fait croire aux mauvais présages. Le ciel perrosien contredit cette marche – funèbre, nous éclairant de sa lumière, gorgée de sel et de planctons. Vitamines en tous genres, A, B, C – et D bien sûr, grand manque de la saison, altérant nos carburateurs, le p’tit coup de mou de l’hiver. Mangez sainement nous conseille-t-on, 5 fruits et légumes par jour ! Et pourquoi pas 5 phrases composées par jour ? Pourquoi pas ? Un poème écrit ou bien lu pour stimuler, abreuver nos esprits, ça compte, non ? 5 fois par jour. Un poème par toutes et tous 5 fois par jour ! J’hurle un grand oui accompagné des goélands !

    Et grand merci aux tutelles de « prendre soin » de notre santé physique, au cas où nous l’aurions oublié, ou que nous serions trop – déconnectés du réel et de nos corps pour y avoir songé. Merci mais… nos esprits ? On en fait quoi ? On les laisse rétrécir, pourrir, s’ankyloser ? ça vous rendrait bien service non ? Et bien non. Non ! L’énergie (vitale) ça se cuisine ai-je entendu à la radio ce matin : la terre, la mer, le soleil dans nos assiettes, à chacun de nos pas. Et le poème en tête, nous célébrons la joie – d’être, tout simplement. Nous générons ce que ces… tutelles oublient bien trop souvent, la nécessité de nous réunir et de stimuler l’inutile, l’in-quantifiable oui ! Le non-monétisable oui ! Cette arme de destructions des normes oui ! Ce puits de lumières oui ! Ce véhicule indispensable à nos consciences oui ! Déstabilisant oui, demandant un effort (parfois) oui, nous bousculant, nous abreuvant, nous élevant, oui, oui et oui ! Je veux parler de notre vi(e)tamine première, oui ! Le… poème.

    Le poème.

    Mais c’est quoi, un poème ? Posons-nous effectivement la question. A l’espace jeunesse, Domitys, à l’Ehpad, chez Tom librairie, organisons un référendum tiens ! Une consultation citoyenne, à ciel ouvert, de propositions libres, que chacune et chacun émette une intuition. Un poème… c’est quoi en fait ?

    Et pourquoi personne ne m’a ouvert les yeux sur cette clef (qui ouvre bien des portes, je vous en donne ma parole…), cet horizon, ce grand large augmenté ?

    Pourquoi, au lieu d’un sommet sur l’Intelligence Artificielle en cette mi-février 2025, les « grand(e)s » de ce monde ne se réunissent-ils (elles) pas pour penser et investir dans ce bien commun, patrimoine partagé, immatériel et trop souvent mis de côté par incompréhension, le poème ? Un sommet du poème, oui ! Qu’il faudrait affirmer – patrimoine commun, service public gravé sur les marches de la constitution…. d’êtres sains. Un bien commun, le poème. Un remède à la morosité, le poème, à l’effondrement du cours de la joie.
    Voilà pour celles et ceux qui ne le savez pas, ce que nous cultivons en groupe dans nos assiettes de papier blanc, à nos échelles – humaines, un samedi matin à la bibliothèque, dans une salle de classe à l’abandon, sur le sentier, en tant qu’élu(e)s de nous-même pour dire, écrire et maintenir cette pulsation, bienveillance dans l’obscurité, ce haut degré d’attention et d’inspiration profonde, la liberté au bout de nos crayons.

  • Semaine 7

    Chaque histoire a sa dernière page… sa dernière ligne. Son dernier mot.
    Nous y sommes… ça y est.
    Je peine à l’écrire.

    Dernière, semaine.

    Derniers jours, avant le départ. (ou le retour… entendez le comme vous voulez)

    (long silence)

    Mais que cache cet adjectif « dernier » ? Le point… final ? Ou un point…virgule ? Des points de suspension ? Suspendus dans l’espoir… d’autre chose ? Un nouveau cycle… de vie ?

    Je le rêve, oui.

    Car c’est bien de cela dont il s’agit, que nous avons dit, écrit, remué, stimulé pendant ce beau temps partagé. Nous cherchions en effet, Barbara et moi, comment nommer cette récolte de fleurs hivernales, de textes aussi variés les uns que les autres, aux arômes si singuliers que vous avez écrits.

    Quel serait en effet le dénominateur commun – ouh la la des mathématiques, revenons plutôt sur des notions marines, parlons plutôt de quille, oui la quille, cet élément du bateau permettant de prévenir les vents latéraux et servant de ballast pour maintenir le navire bien droit) – quel serait donc la quille de tous vos textes, leurs cohérences, leurs forces communes ?

    Un mot a surgi, s’est révélé dans son plus grand dénuement, un verbe pour être exact. Et c’est bien lui – le liant de ces deux mois de résidence (à l’intensité émotionnelle particulièrement élevée je dois dire) : le verbe RÊVER

    RÊVER…

    En grammaire, le verbe est action, c’est lui qui actionne une phrase, lui donne son tonus : le moteur visible (il y en a bien d’autres évidemment) de la phrase. A l’infinitif ainsi écrit, le verbe RÊVER est désencombré de tout narcissisme, de toute préhension et s’offre ainsi dans sa lumière brute et presque aveuglante, indéfinissable… mais tangible.

    C’est vraisemblablement ainsi que nous titrerons le livret qui verra le jour aux premiers pas du mois d’avril, lors de la mise en voix que nous réaliserons sur la scène polyvalente de Trestraou accompagné par un maître de shakuhachi* (flûte de bambou des moines japonais):

    RÊVER
    Hier… et maintenant (à Perroz !)

    RÊVER, ou cinq lettres pour une quinte, quintessence de ce que nous avons traversé, partagé pendant deux mois ici, en ateliers, lectures, au comptoir de la ville, à travers la lande, les bruyères, au hasard d’une rue, d’un bistrot, dans la vallée des vallées, à la biblio, chez Tom librairie… bref, dans le plus bel écrin de l’hiver breton et de ce magnifique Trégor (remplacez la lettre G par un S)

    C’est d’ailleurs en sortant de l’eau, après la nuit tombée tout à l’heure (il est presque minuit), titubant de froid sur le reflet de réverbères ensablés que je me suis à rêver… encore et toujours. Eprouvant la chance qui m’était donnée d’être – ici, la peau rougie d’eau salée et l’organisme aux fourneaux pour maintenir les 37 degrés nécessaires, vitaux.

    Quelle chance – et quelle belle responsabilité (quelle joie aussi !) que de vous avoir accompagné depuis janvier, d’avoir pu séjourner parmi vous, d’avoir pu sculpter mon recueil prochain, éprouvant l’estran, l’éternité – et ses recoins, les personnes, d’avoir pu RÊVER ici, à Perroz, d’avoir été perrosien, oui, j’ose l’écrire !

    Alors permettez-moi, pour ce dernier témoignage – semaine 7, de vous remercier, chacune et chacun en particulier (j’espère que vos oreilles sifflent à l’écriture de ces mots…) Merci.

    (et je terminerai mon journal
    – de bord, par quelques mots, sans point final évidemment
    merci

    merci à toutes – à tous

    un grand merci venu du large
    les ailes déployées et les yeux plein de sel

    cinq lettres entrelacées pour une laisse de mer
    ne pouvant – que s’écrire, s’écrire
    sur une page de sable ordinaire
    car comment dire…
    le dire… tellement la gorge, serrée

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