La Mer, les Peintres, la Bretagne

Quand les premiers peintres découvrent la Bretagne à l’époque du romantisme, leur dévolu et leur préférence vont aux scènes de naufrage et aux tempêtes.
En 1851 encore, Pierre Emile Berthélémy expose un Naufrage sur la côte bretonne, mettant en scène ces stéréotypes romantiques…. Au premier plan, des bretons observent le navire en difficulté entre les îlots rocheux, attendant le naufrage, avides de récolter les épaves que leur apportera la mer. Au demeurant leur réputation de « naufrageurs » est bien ancrée, répétée par la littérature populaire. Ciel tumultueux et vagues très vraies révèlent un peintre familier du Finistère et des mers agitées.

En 1935, Yvonne Jean-Haffen choisit un point de vue plongeant pour son grand tableau Les Tas de Pois.Elle a beaucoup sillonné la péninsule. Quand a-t-elle découvert le site ? Dès 1927 semble-t-il, car elle cite dans ses mémoires, le 22 juillet, une lettre de son maître Mathurin Méheut qui lui écrit : « vous ne pouvez guère travailler par ce temps, à moins que cela vous donne de beaux effets sur Les Tas de Pois ou Le Cap de la Chèvre.»
S’appuyant sur une étude à la gouache très aboutie, elle compose à l’atelier, dans sa technique de la caséine, un grand paysage souvenir, en accordant très peu de place au ciel. Les masses rocheuses enferment la composition autour du bleu intense et profond de l’eau. Le calme marin, à peine rompu au premier plan par les brèves touches blanches de l’écume, est éveillé par les voiles rouges de la flotille qui s’y abrite. Les embarcations semblent donner l’échelle du paysage grandiose.